Le financement participatif en Afrique-subsaharienne : Porteur d'alternatives aux modèles dominants ou vecteur de déploiement des plateformes occidentales?
Stephane Costantini  1@  
1 : LabSIC
Université Paris 13, Sorbonne Paris Cité,

Depuis le début des années 2010, on assiste en Afrique subsaharienne à l'éclosion de nombreuses plateformes de financement participatif, accompagnant le développement d'un environnement fintech, mêlant finance et technologie. Ces plateformes peuvent provenir d'acteurs du « Nord » (Télécoms, plateformes étrangères), ou émaner d'acteurs locaux soutenus par la mise en place d'incubateurs, et fortement encouragés par les pouvoirs publics et les organisations financières internationales (Infodev/Banque mondiale, UEMOA, BCEAO). En effet, avec la présence de systèmes vernaculaires de financement communautaires (tontine, harambee, iquib, ubuntu), et le fort développement des solutions de paiement sur internet, notamment par mobile (mobile money), l'Afrique intéresse à juste titre ces acteurs de la fintech. Aussi le continent est-il souvent décrit dans la presse spécialisée comme un laboratoire de pratiques économiques et numériques, état qui serait notamment facilité globalement par la dérégulation des opérateurs téléphonique, le faible interventionnisme étatique, le faible taux de bancarisation ou la présence de plus en plus soutenue de fonds de capital-risque spécifiquement dédiés à l'innovation numérique.

A travers une série d'entretiens semi directifs auprès de responsables des plateformes et de porteurs de projets culturels au Sénégal, au Burkina Faso, en Éthiopie et en Afrique du Sud, cette communication propose d'interroger les enjeux du déploiement de ces plateformes : En premier lieu, il s'agit de questionner les rapports de pouvoir préexistants entre les différents acteurs des plateformes, et leur rapport aux discours de l'« économie créative » ou de l'« économie collaborative ».

En second lieu, l'analyse des discours de ces acteurs tentera de rendre compte des enjeux des usages et des usagers de ces plateformes : en termes d'inclusion économique (économie informelle) et de promotion de l'entreprenariat culturel local, mais aussi sur leurs formes de résistance ou alternatives aux logiques occidentales dominantes.

Les acteurs culturels mués en porteurs de projets tendent-ils à modifier leurs pratiques numériques sous l'inflexion de ces discours ? Perçoivent-ils ces volontés d'inclusion économique comme un facteur profitable à leurs activités ? Quels sont leurs positionnements vis-à-vis des accents laudateurs de ces discours, qui tendent au renforcement de l'entreprenariat numérique et parfois même à une autonomisation aux accents panafricanistes ? Marquent-ils leurs distances ou au contraire des accointances, vis-à-vis de ces discours et des pratiques économiques initiés par les acteurs des plateformes, locales et/ou internationales ?

Enfin, L'analyse de ces enjeux sera l'occasion de questionner les discours du « nouvel entrepreneur africain », mis en valeur par la presse spécialisée et les grands décideurs politiques et économiques.

 

Bibliographie

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