L'évolution des technologies de l'information et de la communication (TIC) ces dernières années ont entraîné un bouleversement des pratiques et des usages des dispositifs numériques dans tous les domaines de notre société (éducation, formation, médecine, etc.). Les téléphones mobiles et plus particulièrement les « smartphones » (Martin, 2010)[1] ou ordiphone (Légifrance, 2009)[2] ainsi que les ordinateurs portables et les tablettes numériques contribuent ainsi fortement à des mutations profondes au sein de la société.
Ces dispositifs socio-techniques d'information et de communication (DISTIC) sont aussi associés aux objectifs du développement. Les organisations internationales dont l'UNESCO, le PNUD (programme des nations unies pour le développement), l'OCDE (organisation de coopération et de développement économique) et la FAO (organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) proclament la nécessité d'accompagner ou d'aider les pays africains à s'intégrer à la « société de l'information ».
En 2017, plus de 440 millions de personnes avaient souscrit à un service de téléphonie mobile en Afrique subsaharienne (soit 44 % de la population) ; la moitié d'entre elles se connectaient depuis un smartphone (GSMA). En 2018, 17 millions des nigériens avaient souscrit à un service mobile (soit près de 80 % de la population nigérienne) dont 10 millions d'entre elles se connectaient à partir de leur ordiphone (GSMA&INS). Ceci prouve l'assise incontestable de la téléphonie mobile dans ce pays.
Par ailleurs, le Niger, pays en voie de développement, présente les indices[3] les plus bas en matière de développement économique et social. En 2014, il occupe dernier rang (177e sur 177) selon l'indice de développement de l'éducation (IDE : 0.439) établi par l'UNESCO, dernier sur l'indice d'accès numérique (IAN : 0.04) selon le rapport sur le développement des télécommunications dans le monde publié par l'UIT[4] en 2003, et encore avant dernier (189e sur 190) l'indice de développement humain (IDH)[5] d'après le classement du PNUD de 2015. Ces quelques données permettent d'avoir un aperçu synthétique de l'environnement socio-économique dans lequel évolue la société nigérienne.
Le contexte socio-économique du pays, sa diversité culturelle, la (non)compréhension liée à cette interculturalité locale, mais aussi d'une forme de déculturation des nigériens expatriés pour des études supérieurs ou des raisons professionnelles et l'objectif d'étudier une population la plus large possible ont amené à définir une stratégie et une méthodologie de recueil d'information pour y parvenir.
Afin d'atteindre les objectifs assignés à l'étude, diverses approches méthodologiques, classiques (méthodes visuelles, observation participante, enquête exploratoire et entretiens semi-directifs) avec des adaptations et l'introduction de méthodes en lien avec différentes problématiques interculturelles ont été employées pour toucher des nigériens d'origines diverses et libérer leur parole par entretiens qualitatifs, notamment à travers une équipe « mixte » (chercheur+étudiants locaux facilitant le contact et élargissant le réseau de connaissance).En outre, la construction d'une confiance réciproque par différentes stratégies :
- "Le bouche à oreille" qui joue un rôle très important dans la culture africaine.
- Des questionnaires écrits préalables qui concourent à cette confiance après le « bouche-à-oreille »
- Des entretiens informels dans une cafeteria ou, souvent, au restaurant
- Le masquage du statut de doctorant au profit d'étudiant pour ouvrir la parole des personnes interrogées.
Les catégories des sujets ont été choisies pour une forme d'expertise de pratique ou d'usage. En l'occurrence, les étudiants (précurseurs, maîtrisant parfaitement l'usage des téléphones mobiles), les entrepreneurs (pour l'usage des DISTIC en situation professionnelle), de simples usagers dont une majorité de personnes en situation d'illettrisme, ainsi que les opérateurs de la téléphonie et le ministre des postes, des télécommunications et des technologies numériques (pour les éléments politiques et stratégiques).
Les premiers résultats mettent en évidence différentes formes de pratiques et d'approches en fonction du milieu culturel. Ainsi les 4 opérateurs de la téléphonie et le Ministre des postes, des télécommunications et des technologies numériques (avec son secrétaire général en charge de mesurer le taux de pénétration des DISTIC et le directeur de technologies numériques (DTI) – ont fort une approche orientée sur les infrastructures.
En outre, un point notable de cette étude est la généralisation de l'application Whatsapp au Niger et de son usage par les personnes en situation d'illettrisme, notamment avec ses messages oraux.
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Notes de bas de page
[1] MARTIN. Corinne, 2010. Dispositif et téléphone mobile, in Violaine Appel et al., Les dispositifs d'information et de communication, De Boeck Supérieur,
[2] LÉGIFRANCE, 2009. Vocabulaire des télécommunications (liste de termes, expressions et définitions adoptés) [en ligne]. 27 décembre 2009. S.l. : s.n. [Consulté le 16 mai 2019]. Disponible à l'adresse : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;?cidTexte=JORFTEXT000021530617.
| Subject : | : | oral communication |
| Topics | : | Challenges posed by studies in intercultural contexts |
| Keywords | : | usages des DISTIC mobiles ; acculturation numérique ; identité culturelle ; illettrisme développement des entreprises ; usagers ; étudiants ; Afrique ; Niger |
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